samedi, juin 26, 2004


Mon pays (prononcer :"mon pa-isse")


Le canal du midi...


Claude Nougaro
TOULOUSE


Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin
Parfois au fond de moi se ranime
L'eau verte du canal du Midi
Et la brique rouge des Minimes

Ô mon pays, ô Toulouse, ô Toulouse

Je reprends l'avenue vers l'école
Mon cartable est bourré de coups de poings
Ici, si tu cognes, tu gagnes
Ici, même les mémés aiment la castagne

Ô mon pays, ô Toulouse

Un torrent de cailloux roule dans ton accent
Ta violence bouillone jusque dans tes violettes
On se traite de con à peine qu'on se traite
Il y a de l'orage dans l'air et pourtant

L'église Saint-Sernin illumine le soir
Une fleur de corail que le soleil arrose
C'est peut-être pour ça malgré ton rouge et noir
C'est peut-être pour ça qu'on te dit Ville Rose

Je revois ton pavé, ô ma cité gasconne
Ton trottoir éventré sur les tuyaux du gaz
Est-ce l'Espagne en toi qui pousse un peu sa corne
Ou serait-ce dans tes tripes une bulle de jazz ?

Voici le Capitole, j'y arrête mes pas
Les ténors enrhumés tremblent sous leurs ventouses
J'entends encore l'écho de la voix de papa
C'était en ce temps-là mon seul chanteur de blues

Aujourd'hui, tes buildings grimpent haut
A Blagnac, tes avions ronflent gros
Si l'un me ramène sur cette ville
Pourrai-je encore y revoir ma pincée de tuiles

Ô mon pays, ô Toulouse, ô Toulouse

***


Mon "pa-isse" à moi, c'est pas Toulouse, même si ça en est pas loin. Mon pays à moi, c'est Pézenas, ville de Molière, pleine de soleil; là où je suis née.
Et là où mes grand-parents vivent depuis, pfiou... je ne sais même plus.

Le canal du midi, mon père m'y a promenée jusqu'à mes 3 ans. On se baladait, tous les deux, peut-être tous les trois, je ne sais pas. Je n'ai quelques menus souvenirs, quelques éclairs comme ça, des sortes de "visions" que mon esprit n'a pas effacées. Heureusement.
C'est rigolo je trouve, parce que j'ai trois souvenirs d'avant mes 4 ans (oui, on ne se souvient normalement de rien avant ses 4 ans.) (Enfin, 3 souvenirs, c'est quasiment rien).
Le premier, c'est donc au bord du canal de midi, je crois que j'étais en vélo, je ne revois que l'eau verte comme disait Nougaro.
Le second, c'est la grande horloge dans l'entrée de chez ma nounou. C'est fou, je la revois immense, oppressante, écrasante, avec le bordel là (un pendule?!) qui se balançait de gauche à droite et de droite à gauche d'une façon...Brrr ! (j'avais 2 ans et demi et déjà peur du temps qui passe, mouarf!)
Le dernier, toujours chez ma nounou : une sorte de grand coupole sur pied en pierre (mais grand hein! enfin, tout est relatif, j'avais 3 ans) r e m p l i e de lavande, et l'odeur enivrante, mmmh. Derrière la cour. C'est dingue, je visualise parfaitement.

Ce sont les seules choses qui me rattachent à mon passé, à mon midi adore, puisque le reste de mes souvenirs sont d'ici, dans l'est, au "Groenland" comment dirait mon tontondusud préféré (en même temps je n'en ai qu'un seul donc).

Quand je vais mal, il suffit que je ferme les yeux et que je m'imagine dans la pinède de mes papis & mamis, dans le hamac, bercée par le vent chaud, le souffle de ma mamie qui dort sur la chaise longue à côté de moi, mes soeurs et cousins qui rient de joie et sautent dans l'eau fraîche de la piscine, mon papi qui fredonne l'un ou l'autre air de flamenco au loin dans sa vigne, et le soleil refait surface et je souris. Et ça va mieux.

Si vous saviez comme j'ai hâte d'être le 9 juillet, et de me tirer d'ici pour retourner dans mon pays.. les cigales, la mer, l'odeur de la résine, les pins qui craquèlent à cause de la chaleur, la paëlla, les histoires de ma mamie le soir, avec tous mes cousins, la bonne humeur, l'accent aussi.. ohlala.. j'en pleurerais.

J'en peux plus moi d'attendre.