samedi, février 12, 2005


Attention, notasse de sa mère. Vous êtes pas obligés de lire hein.

J'ai pas le tempérament d'une groupie.

Je veux dire, je ne suis pas de ces jeunes filles victimes de leurs hormones qui ne peuvent pas s'empêcher de hurler à tout va / devenir hystériques / ou pire tomber dans les chou-fleurs (ben ui pourquoi toujours tomber dans les pommes d'abord ? Ça fait mal une pomme, c'est pas moelleux, ça ne vous accueille pas les feuilles ouvertes quand vous chutez, une pomme, contrairement au chou-fleur, qui est doux et aimant, lui, au moins)(bon oké il pue un peu, mais et ALORS ?), qui ne peuvent s'empêcher de choir disais-je, lorsque leurs yeux de merlans frits croisent le torse huilé de Orlando Bloume ou de Johnny Dipe .

Je veux dire, moi, je m'en bats l'oeil de ces gus. Ils ont un peu plus de chance que les autres, c'est tout, la Nature leur a conféré des atouts non négligeables pour survivre dans la jungle du XXI° siècle; mais je suis sûre que si le petit Orlando était né genre chez les Gaulois, et ben tout le monde se serait foutu de lui et de sa tronche d'enclume, et en buvant de la cervoise, les bons bourrins d’ancêtres auraient cassé du sucre sur le dos du petit Orlando. Il aurait vécu malheureux, rejeté de tous, il aurait été mis au ban de la société, et puis il l'aurait eu dans le cul (n'ayons pas peur des mots). Voilà. Il a simplement eu du bol de naître à la bonne époque en fait (d'autant plus qu'entre nous, ce mec est vraiment un acteur pourri.)

Bref.

Je ne suis pas une groupie.

Aussi étrange que cela puisse paraître, je n'ai jamais eu un seul poster dans ma chambre - euh, sauf Harry Potter et ses potaux qui me veillent la nuit, parce que bon, hein, on sait jamais, Voldemort peut bien se pointer un de ces quatre dans ma piaule et ayant reconnu en moi une hypothétique réincarnation de Dumbledore vouloir me buter - on est jamais trop prudents. Nan mais c'est vrai. Il vaut mieux prévenir que guérir. D'abord.

Je ne serai jamais une groupie.
Mais il y a quand même un type qui suscite chez moi un brin d'admiration, qui m'a déjà scié l'une ou l'autre fois, et que je dirais pas non si je pouvais le voir pour du vrai. Genre, pour du vrai quoi.

-M-, ça vous parle ?
Mais si ça vous parle. Matthieu Chedid. Le fils du Louis, petit-fils d'Andrée.
Chanteur - remarquable, compositeur - talentueux, guitariste - excellent.
Mais siiiii. Je dis Aime... Onde Sensuelle..
Non ? toujours pas ? ben allez donc jeter un oeil (ou deux) (mais gaffe quand même) à la RadioBlog de Pando, cherchez, vous trouverez (parce que qui cherche, trouve).

Bon.
Et bien ce type, là, il est en train de terminer sa tournée, et il se trouve qu'hier il était à Mulhouse.
"Bah génial, on est content pour toi, on espère que t'as passé une bonne soirée, c'est coule, voilà, mais si tu pouvais abréger quand même ma poule j'ai pas que ça à faire moi hein, j'ai mes patates sur le feux le linge à étendre et mes mômes qui font les andouilles dans leur bain" que vous vous dites.
Eh oui. Mais non. Attendez la suite.

Donc hier soir, y'a la moitié du lycée qui est allée se trémousser le popotin sur les airs endiablés du grand M. Sauf qu'en fait, moi, j'étais pas dans la bonne moitié. Alors bon, j'avais les boules un peu quand même.

Et comme je suis une fille super susceptible (et qui adore râler), ben je me venge. Méchamment (je suis sans pitié aussi, faut le savoir).

Parce que si EUX ont du débourser 35€ pour l'entendre et le voir (et encore, de loin), moi j'ai rien payé du tout pour rencontrer MONSIEUR Matthieu Chedid en os et en chair. Pour du vrai. Du vrai du faux. Mais du vrai un peu quand même.

Bon oké complètement pour du faux.

Mais avouez que ça aurait pu marcher ?
A 20 heures, me rendant compte que cette bande d'enfoirés était sur le point de s'amuser comme des malades, j'aurais empoigné mon manteau d'une main, enroulé une écharpe autour de mon cou de l'autre, sauté dans mes bottes des deux pieds et serais sortie en courant de chez moi, à la recherche d'un bus de nuit.
J'aurais eu une chance inouïe et ledit bus m'aurait cueillie sur le bord de la route, m'offrant son ventre chaud et ronronnant. J'aurais taillé la bavette avec le chauffeur, qui, se prenant d'amitié pour moi et dans un élan de générosité et de compassion, m'aurait proposée de me conduire directos au Parc des Expos (la salle où se produisait M), et tant pis pour les autres passagers, après tout, on les emmerde (Note de moi-même : Ben si déjà je me la joue romanesque, autant y aller à fond les manettes quoi.).
Le bus aurait stopé dans un grincement strident pile-poil devant la porte d'entrée, et le chauffeur m'aurait lancé un au revoir dégoulinant de sympathie accompagné d'un sourire plein de dents (d'ailleurs à ce moment-là, je me serais interrogée quant à l'utilisation abusive des dentifrices freedent par ce type; nan parce que pour avoir des dents limite fluorescentes, faut y aller hein enfin bref).
Là, plantée devant ce grand cube métallique, le vent me chatouillant le bout du nez et jouant avec mes cheveux (romanesque j'ai dit), mon coeur aurait connu une accélération de son nombre de battements par seconde notable, genre on serait passé de 95 batt/sec à 458 batt/sec, à peu près. Et j'aurais senti sur ma joue deux gouttes perler. L'émotion.

Ou la pluie ?

*Meeerde, la pluiiiiie. Fabienne nous avait pourtant prévenu qu'il tomberait des chiens et des chats, et j'ai pas pris de parapluie, qu'est-ce que je peux être con des fois*

N'y tenant plus, dévorée par un sentiment d'excitation intense et encouragée par les conditions météorologiques, j'aurais entamé une course entre les gouttes de pluie (essayez une fois, vous verrez si c'est facile bande de gros malins) jusqu'à arriver devant les vigiles qui, en bons vigiles qu'ils étaient, auraient rodé aux alentours des portes d’entrée.
Ni une ni deux, j'aurais chopé la tête du premier vigile qui se serait présenté à moi, et sans qu'il puisse rien comprendre, lui aurait asséné un rude coup de boule. Dans le feu de l'action, j'aurais mis KO son collègue en lui tatannant la tronche à coup de tong (toujours dans la poche, la tong, conseil d'une vieille amie qui s'y connaît en la matière, ça marche mieux qu'une bombe lachrymo ce truc). Le pauvre se serait écroulé au sol, et les deux mecs sensés protéger la salle Du Tout Grand se seraient retrouvés agonisants comme des pauvres larves à mes pieds, poussant de faibles cris comparables aux râles des mourants, sous la pluie de février (j'ai dit romanesque ou je l'ai pas dit ? alors chut).
"Pas solide le vigile dans ces contrées", me serais-je dit pour moi-même, étant donné que les seules personnes susceptibles de m'entendre à ce moment-là auraient été dans l'impossibilité la plus totale de me faire la conversation.
Puis, d'un geste gracieux, j'aurais enfoncé la porte et me serais retrouvée face à un long couloir sombre, d'où me seraient parvenues quelques douces notes de musique. De Musique, plus précisément.

Une étincelle se serait allumée dans le coin de mon oeil (voire même au milieu).
Puisque l'allée qui s'offrait à moi était déserte, pourquoi ne pas la traverser (ben ui hein, j'allais pas rester comme deux ronds de flans devant, réfléchissez des fois siouplé les gens), rejoindre les techniciens, et me faire passer pour une éloignée cousine de M, genre.
"Bigre ! ce serait une bien belle blague que je jouerai là à Matthieu" me serais-je à nouveau dit pour ma pomme, en veillant à appeler le chanteur par son prénom, comme si je le connaissais intimement. Pour paraître plus crédible, bien sûr.
Et là, un rire effrayant se serait échappé du fond de mes tripes, ui, le même que celui de l'inventeur de Frankenstein lorsqu'il créa Frankenstein ou que celui d'hitler lorsqu'il eut sa putride idée de conquête du monde - et tout ce qui s'ensuit.

J'aurais mis mon plan en action, me serais fait passer pour une parente du chanteur à merveille (le mensonge, on a ça dans la peau ou on l'a pas), aurait été accueillie les bras ouverts par l'ensemble de son équipe et chaudement félicitée d'être de la famille de leur pote.
Ils m'auraient proposé d'attendre mon soi-disant cousin dans sa loge, d'où je pourrais assister au concert - de grandes baies vitrées faisant office de fenêtres donneraient directement sur la salle.

Et puis, la fin du concert venu, -M- s'en serait retourné dans sa tanière et m'aurait trouvé, sautillante et tout heureuse de le voir en vrai pour du vrai du vrai de pas faux.
On aurait discuté. Il m'aurait trouvé vraiment sympa, pour une nana qui aurait buté ses deux vigiles, qui se serait introduit illégalement dans un endroit théoriquement surveillé par vidéos, et qui se serait fait en PLUS passer pour sa famille.
Il m'aurait signé un autographe - moi qui ai horreur de ça -, m'aurait joué et chanté la Musique juste pour mes beaux yeux, puis aurait mis à ma disposition une voiture siglée M pour me ramener chez moi. Il m'aurait salué avec un tendre sourire.
Et j'aurais passé une des plus belles soirées de ma vie *violons*

*mouchoirs*

snirfl

***

Et tous les gens qui sont allés au concert croient avoir passé la meilleure soirée toute leur existence hein ?! Foutaise !
S'ils savaient seulement ce que moi, j'ai vécu.

(On se console comme on peut)