jeudi, mars 17, 2005


Petite nature.

Je suis intimement convaincue que les films d'horreur-sanglants-flippants ont sur moi des conséquences néfastes.

Quand je le leur annonce, les gens se foutent généralement ouvertement de ma gueule, genre "uuuh n'iiiimporte poua, les films d'horreur n'ont JAMAIS tué personne hein" (ben si, justement hé ducon), ou alors "peuh, vraiment une petite nature celle-là, elle arrive MEME PAS à mater les scènes où c'est qu'y a des charcutés" ou alors 'rhôôô la chochooootte, c'est que du ketchoup t't'façon".

Et ils ont absolument raisons.

Excusez-moi, mais voir pisser du sang, entendre un mec râler de douleur parce qu'un autre gus vient de lui transpercer la poitrine avec un pieu, ou assister au massacre à la machette d'une blondasse sur-silliconnée, ben moi ça me hérisse le poil du bras et ça me frise celui du cul.
Et si par dessus la boucherie générale, vous ajoutez une pincée de suspense, une bonne dose d'angoisse et trois louches de sériale quileur, alors là, c'est le fin du fin. C'est-à-dire le type EXACT de film qui me rend malade.

Mais malade au sens premier hein. Croyez pas que je dis "malade" comme ça au hasard pour me la péter genre nunuche powaaa, Candy au pays des septs trolls tralalalapouêt; ou bien "malade" parce que très triste et malheureuse pour ces pauvres gens tout ça, non, que nenni, que pouic que dalle. Ces films me collent tout simplement la gerbe (bonne journée bon appétit, je vous souhaite de ne pas être en train de petit-déjeûner, madame monsieur mademoiselle, auquel cas nous déclinerions toute responsabilité en cas de malaise ou de douleurs ventrales. Oué, c'est moche, mais c'est la vie mes poulets).

Terrible.

J'évite donc d'imposer à mon âme fragile et sensible tout film siglé

"pourrait atteindre à la sensibilité des enfants de moins de huit ans"

parce qu'i faut pas croire, mais en fait, me faire du mal, c'est pas vraiment le genre de truc qui me branche.

Le problème, le vrai, c'est si vous êtes OBLIGES de participer à, mettons, 1h30 de torture pure et simple, à savoir regarder un film fantasticohorrifiant de votre pas plein gré.
Ce fut le cas ce matin-même, dans le cadre des "lycéens au cinoche" (ou quelque chose dans ce goût là) : nous avons eu droit à la projection du célèbre Slippy Hollow (T. Burton).
Rhôôôô j'en vois déjà ricaner dans le fond. Je vous entend même en train de marmonner dans vos barbes avec vos regard moqueur "pffff, c'est tout ? mais c'est d'la gnognotte, un cavalier sans tête qui butte des âmes innocentes et qui les décapite sans scrupule avec plein de sang qui gicle partout, non vraiment, c'est nul ça comme film d'horreur, on sent bien la fille sans expérience horroresque là..".
Oué ben moijdi arrêtez de rigolez de ma tête et regardez-le ENTIER ce putain de film, sur un grand écran, avec la musique supra-angoissante et volume maximum, les sorties bouchées, en sachant que vous ne pouvez
*ni zapper sur un docu animalier sur arte
*ni baisser le son
*ni faire genre "tiens j'ai besoin d'une ptite pause pipi là didonc, c'est bizarre, juste au moment où c'est top dégueu, han trop con hein, non chéri ne mets pas sur pause, ça va aller, je reprendrai le film en cours"
et on verra quelle tronche vous nous mettrez.
Non mais oh.

Personnellement, je serais bien en mal de vous parler des moments les plus...hum ? émouvants dudit film, puisque j'ai passé la moitié du temps la tête tournée vers ma gauche, une main sur la partie droite de mon visage au cas où des images parviendraient tout de même à mon oeil délicat, appréciant le niveau d'horreur des scènes grâce aux expressions vivantes de ma voisine, quand je ne me planquait pas tout simplement sous ma veste, en poussant des cris de souris atrophiée "hiii hiiiii non prescilla, il va pas déchiqueter le ptit môme quand même, nooon, hiii je veux paaas hiiiii, empêche-le bordel!! hiiiiii !".

J'entendais seulement les "kataklopkataklop" "sliiiiiing" "ohnon...noooon..HIIIIIIIIIII!!!" "TCHAK!" "rouleroule" (dans l'ordre chronologique : le galop du cheval-revenant, le cavalier qui dégaîne son épée, la victime qui voit s'approcher le fantôme du germanique (quel malade çuilà aussi quand on y pense), l'épée qui tranche net la tête, la tête qui roule au sol), ce qui, entre nous soit dis, me suffisait amplement.

Heureusement qu'y avait Johnny Depp hein pour rattraper le coup.
Au moins un truc charmant dans cette accumulation d'horreurs horrifiantes (d'où le nom).