dimanche, mai 29, 2005


mother's day

Les déclarations d'amour enflammées, dégoûlinantes de je t'aime, puis les remerciements émus qui s'en suivent, les larmes au coin de l'oeil, tu sais maman, c'est pas trop mon truc.
Moi, je n'aime pas déballer mes sentiments comme ça, les étaler sur la table au milieu de cartes de voeux et de bouquets de roses. Je préfère faire les choses discrètement.

Et puis, offrir un cadeau à une date fixe, à un moment précis, quand on vous l'ordonne de le faire, non, vraiment, ça me gêne. Alors, je sais, un collier de nouilles, un dessin fait avec coeur, ça vous rend heureuse et fière, toujours. Faudra pourtant t'y faire maman, je n'aime pas suivre la masse. Ca m'escagasse sévère de faire la même chose que 56 millions de français, le même jour, dans la même intention.

Merci donc M.Pétain, grâce à vous, tous les ans, je passe la semaine d'avant-fête-des-mères à me demander quel cadeau acheter à ma mère, pourquoi le lui acheter, et si je lui achèterai un truc, au final. Cette année, le problème de l'achat a été vite réglé : plus un kopek dans ma CaisseASous. Que dalle. Vide, mort, silence profond; plus de pièces de monnaies pour s'entrechoquer et chanter.
Me restais toujours l'option de la conception handmade du cadal.

Pffff.

Et puis, ça m'arrange bien au final, de ne pas faire comme les autres, de ne pas aimer Pétain, et de protester ouvertement que je n'ai pas besoin d'une date D pour dire à ma mère que je l'aime. Ouais, des arguments qui déchirent et qui vous assurent un repos total niveau confection cadal.
Le pied.

Je t'ai prévenu de suite. Non maman, cette année pas de cadal, de toute manière, ça fait longtemps que je n'offre plus rien à personne, alors hein, bon. Un de plus un de moins, ce n'est sans doute pas toi qui m'en voudra, tu m'aimes, chu'ta fille, point barre.

Et puis j'ai vu cette légère touche de tristesse dans ton oeil. Tu n'as rien dit, bien sûr - ou si peu. Tu m'as troublée; tout d'un coup, j'étais moins sûre de moi et de mes arguments en béton AntiMother'sDay.
Et j'ai pris conscience à ce moment précis que, putain, j'étais quand même qu'une sale petite merde d'enfant gâtée. Quand même.

Alors, non, c'est vrai, cette année je ne t'ai rien offert maman, je ne t'ai rien acheté au SuperU du coin, je ne t'ai pas fait de collier de nouille ridicule, je ne t'ai pas écrit de poème mielleux, je ne me suis pas levée à 5h du matin pour filer à la boulangerie acheter des petits pains frais. Je n'ai rien fait de particulier pour t'aider. Je n'ai même pas été spécialement agréable...

Et pourtant.. je tenais quand même à t'écrire ce soir, parce oui, j'ai pensé à toi aujourd'hui, j'ai pensé à ma maman. Mais ne crois pas que j'ai attendu le 29 mai pour le faire.
Je t'ai toujours dans un coin de ma tête, là, entre deux formules de maths et trois notes de musique. J'ai ton visage, ton joli sourire.. Tes bisous doux, tes câlins qui consolent, tes yeux rieurs.

Et, parfois, je te regarde, dans le jardin, au milieu de tes rosiers, et je me dis que j'ai eu drôlement de chance de tomber sur toi comme maman, tout de même. De temps en temps, l'idée qu'un jour fatalement tu puisses disparaître, mourrir, me laisser - oh, heureusement on a encore de la marge hein, avec tes 37 ans pimpants et tes rides que toi seule vois. - m'effleure , me caresse l'esprit, avant que je ne la chasse d'un vif mouvement de main : je ne suis pas sûre de pouvoir supporter une telle perte. Mais il nous reste encore une vie entière à partager, hein ?



Ma maman, une de mes plus belles histoires d'amour..


***
Bonne fête maman (: