jeudi, juin 09, 2005


Seconde Quatre Pûr Tûjûrs

Aujourd'hui les enfants, je vous emmène en voyage. Pas à Cuba, ni à Bangkok, ni même à Barcelone (malgré les prix hyper bon marché de EasyJet, ouais, désolée), non, rien de tout ca. Aujourd'hui, je vous emmène dans le passé.

J'espère que vous avez apporté tout le matériel requis pour ce genre d'expédition, mmh. Oui ? Tout le monde ? Impeccable. Alors ajustez vos lunettes de plongée, calez bien votre tuba entre vos dents, testez vos palmes pour vérifier que genre elles ne se tirent pas au beau milieu de notre virée aqua-temporelle (...) voiiiiiilààà, et plongeons je vous prie un cours instant dans les méandres du passé.

*

Nous sommes le 2 septembre 2004, et il semblerait que le temps se soit accordé à mon humeur : maussade, gris, tourmenté; un ciel prêt à déverser des litres et des litres d'eau.

Je déteste les rentrées.

Il doit être 8h00 et Maman me dépose devant mon nouveau lycée. Un bisou, les yeux mouillés, ca va aller, tu vas voir, courage ma fille ! Je reste seule sur le trottoir, toute petite devant ce putain de grand bâtiment en pierre, froid, et dont la couleur est à mi-chemin entre le gris déprimé et le marron sale. Il se tient là, devant moi, et je sens le poids des années et des siècles qu'il a traversé, et je vois qu'il m'attend, qu'il est prêt à m'engloutir tout à l'heure, par sa bouche grande ouverte, quand nous entrerons, moi et ma nouvelle classe.
J'ai mal au ventre.
Pas envie d'y aller..

Et puis, soudain, un rayon de soleil inattendu : quelqu'un me saute au cou (mais de dos)(genre pas de face). Je n'ai pas le temps de voir ses cheveux dorés et bouclés que je sais déjà que c'est ma coupine Jeanne qui m'a repérée et vient me donner un câlin de réconfort. Et je te me le quiche fort ce petit bout de fille, rhâ Jeanne ouf te voilà, j'ai peur Jeanne, viens on défonce le mec dans la voiture rouge devant, on la lui pique et on se tire loin, genre loin, d'ac ? hein, quoi, comment ca on peut pas ?
Son sourire me fait du bien; de me savoir avec elle me calme un peu.

Elle m'entraîne dans la cour du lycée où sont affichées les listes, celles qui vous condamnent à rester dans la même classe pendant un an, sans que vous ayez pu choisir quoique ce soit. Angoisse.
Je cherche mon nom; c'est celui de Jeanne qui me saute aux yeux en premier. Elle a le cul bordé de nouilles cette petite : elle tombe en seconde sept, avec Nathan (qu'elle aime beaucoup et connaît depuis 4 ans). Je retourne à mes recherches, et, ca devait bien arriver, je finis par trouver le mien, de nom.

Alors voilà..je suis en 2°4..
Je lis en diagonale les prenoms de mes nouveaux camarades de classe. Je reconnais un mec qui était avec moi en primaire..Ginette et Gertrude qui étaient avec moi au collège l'an dernier et que je me réjouissais de quitter..et...et c'est tout.
Je fais le bilan intérieurement; je connais 3 personnes dans cette classe à la con, dont un mec à qui je n'ai plus parlé depuis quatre ans et deux rombières que je ne peux pas encadrer.

Youpi.

Je n'arrive pas à saisir pourquoi, mais, à ce moment précis, le sentiment que cette année sera longue, laborieuse et pénible me submerge et m'étouffe.


*


Retour dans le futur.

Une année scolaire s'est écoulée depuis ce fameux 2 septembre, et je peux vous assurer que mes pressenitments étaient totalement faux, infondés, insensés, n'avaient aucune raison d'être et..enfin ils étaient faux quoi.
Même si je me suis un peu fermée aux autres les premières semaines (doux euphémisme : la vérité, ce serait plutôt quelque chose comme : "même si je me suis complètement exclue de la classe les premiers mois"), j'ai fini par découvrir des tas de gens merveilleux, drôles, cultivés, intéressants, enrichissants j'en passe et des pas mûres.

Comment ne pas citer Prescilla..

Avec ses longs cheveux ébène, ses grands yeux, sa peau chocolatée. Prescilla, mon amie hispano-libannaise qui me fait rêver et voyager quand elle me raconte d'où elle vient, ses parents, sa famille composée de personnes (plus au moins) célèbres.. Prescilla qui est sans doute une des meilleures amies qu'il m'ait été offert d'avoir. Avec Jeanne. Bien sûr (:

Et comment oublier Fabio, sa guitare (ce mec est un génie sérieux, ce con n'a jamais pris de cours et il joue DIVINEMENT BIEN) et sa coupe à la -M-, Bilel et son grand coeur (jamais vu un type aussi généreux gentil et modeste), Meriem la cannoise, jeff et ses cheveux ^^, Julia et son beau sourire, Marie-Charlotte, son naturel, sa spontanéité, Clément et Chrisophe mes potes latinistes eeeet je m'arrête là, trop peur de me faire choper sur le Gougleuh.

Tellement de fous rires, de conneries, de bons moments passés en classe entière.. Une ambiance saine, des gens pas toujours hyper sérieux, mais on s'en fout parce que (presque) tous sympa, non, sincèrement. Je ne suis pas sûre de retomber dans une classe aussi..aussi.. chouette ! que celle de cette année.

Savoir que plus jamais on ne sera tous ensemble, à 35, dans la même salle de classe à partager nos rires, nos coups de gueule, à nous ennuyer en choeur, tout ca me fout le cafard. Ils me manquent déjà ces enculés.

Bilel a dit, un certain samedi 4 juin, "vive la seconde quatre !".

Je ne peux que réemployer ses mots.
Et merci Bilel..

..merci tous (: