mercredi, février 08, 2006


Regard en arrière 2

note de début de message : deuxième volet du profil
ici -> http://profil.blog.lemonde.fr/profil/2006/02/prcoce.html#comments
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Une fois prise la décision de divorcer, une fois l'appartement acheté et tous les emmerdements administratifs dépassés, il fut temps pour nous de plier bagage et de déménager nos charmants arrières-trains -et tout ce qui va autour- de la demeure familiale.

En gros on a dégagé vite fait de cette piaule où personne n'arrivait plus à respirer - vous dire que j'étais triste de partir serait un mensonge.

Je n'avais aucune réelle attache sentimentale à cette maison, sincèrement. J'y ai passé des années tellement détestables (les années collèges..joie immense) à rester enfermer dans ma chambre sur mon pécé qu'à vrai dire j'ai du mal à me remémorer les moments magiques/heureux/happy family and co que j'y ai vécus.
Et aujourd'hui, deux mois après être partie, je peux vous assurer que je ne regrette rien de là bas. La maison ne me manque pas. Ma chambre non plus. Rien.
Je ne m'y suis jamais sentie chez moi, pas ma faute..

Le jour où je me suis retrouvée debout, entourée par des cartons vides et mes placards plein, je n'ai même pas été bouleversée - ou autres - à l'idée de défaire ma chambre, de tout empaqueter et de quitter cet endroit dans lequel j'avais dormi quatre ans.
Ce qui m'a bien davantage émue, ça a été de redécouvrir des petits objets, des petits mots qui s'étaient égarés au fond d'un tiroir ou derrière un meuble et qui ont ravivé des souvenirs qui s'étaient enfouis bien profondément dans ma mémoire, des souvenirs de ma petite enfance, d'autres de mes années primaires : une dent de lait dans un petit pot; ma boîte à bijoux de petite fille offerte par ma tantine; des photos de mon oncle et moi il y a 14 ans, quand j'en avais deux et lui 12; des photos de mon père, tellement jeune et fragile, portant un bébé dans ses bras (oui moi bravo), d'autres où il porte la moustache et des lunettes gigantesques, grotesque et tellement adorable, des photos que j'avais cachées dans mon tiroir pour que maman ne les voie pas. Une lettre que j'avais écrite à mon père, avec toutes les fautes qui vont bien. Un poème que j'ai écrit à la naissance de Léa et que je me suis jurée de lui offrir pour ses dix ans. Des photos de moi et des Julies en primaire. Le pendentif en améthyste de mon père qu'il m'avait prêté, un jour, "pour calmer les angoisses" et que je ne lui ai jamais rendu. Les cartes postales qu'il m'avait envoyées juste après le divorce et où il me demandait de lui téléphoner; je m'en souviens très bien, sur le recto il y avait la photo en noir et blanc d'une petite fille tenant un téléphone collé contre son oreille des deux mains, avec un air triste et mélancolique; et moi qui n'osait pas demander à Moune la permission de téléphoner à mon père, et même si j'avais osé elle aurait probablement refusé, et je culpabilisais de ne pas répondre à la demande de mon père, et je m'en voulais de ne pas lui téléphoner, et de le laisser seule, et je sentais bien qu'il était malheureux à en mourir, j'étais déchirée entre mes deux parents. Je hais ces cartes. Je les brûlerais si elles n'étaient pas les seules que mon père m'ait écrites.

Ajoutez à ces vagues de mélancolie un peu de U2 - with or without you - en bande son,
et vous me retrouvez en sanglots, seule dans ma chambre, assise en tailleur devant mes tiroirs secrets, des cartes dans les mains et des photos éparpillées sur les genoux..
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Heureusement que le sourire reprend toujours le dessus.
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17 décembre : Le déménagement.
Le gros stress. Le bruit. Les soeurs excitées comme des puces. Les lits à monter, vite, le camion à décharger, être efficace, entreposer les cartons; terrible.
Le Kebab à midi (mon premier kebab, oui c'est la honte). Mon exbeaupère aussi pâle que la mort. Mon père qui se fait refouler (pauvre poute, il voulait juste nous aider..). Il a quand même réussi à faire un tour de magie dans la rue à ma soeur, l'enfoiré :)
L'appropriation des lieux et l'installation, enfin.
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Soulagement général - quoique nous ne soyons pas au bout de nos peines..
to be continued (;