jeudi, avril 06, 2006


la vie c'est bien

remarquez comme Tout paraît plus poétique
et comme le coeur sourit davantage quand vous avez, tout droit sortis de vos écouteurs, Satie, Queen ou Pink Martini qui saturent vos oreilles de musique, que vous marchez dans la rue et que vous n'entendez plus ce qui se passe autour de vous
comme les rayons de soleil qui passent à travers la vitre opaque du bus ou la neige qui tombe en tornade au dehors début Avril semblent sortis tout droit d'une page de roman/

Dans ces moments là, alors que Chopin me fait vibrer toute entière et me laisse tremblante
que ses valses m'isolent du monde, m'enferment dans une bulle* où seules sa musique et mes arches de buées se frôlent
je ne peux pas m'empêcher d'écrire, à la troisième personne, et dans ma tête, la vie qui se déroule sous mes pieds - décrire le brouillard matinal, l'ombre d'un homme et son chien sous la lumière artificielle d'un réverbère, le vent pluvieux qui cingle mes joues quand je traverse la place tival, le soir - et m'inventer des histoires pour en être l'héroïne.

une vie à modeler
(construire mon quotidien à la façon de Mlle Liberté)

et puis rêver d'absolu* et croire que l'on peut vivre sans porter la misère du monde sur ses épaules
- simplement ouvrir les yeux et profiter de ce qui tombe sur son chemin pour se l'approprier.


*


Je n'écris pas ici, depuis quelques semaines, parce que je n'ai rien de positif à dire. Et quand je me lamente ce que j'écris ne vaut rien, ou presque (j'ai la prétention d'aimer ce que je fais - et je me trouve d'autant plus ridicule que je SAIS que c'est d'un banal à crever)
Chopin me fait pleurer, c'est un fait avéré, et je me remets en question cinq fois par jour.


*


Quand la seule chose qui vous permet d'avoir confiance en vous et de vous aimer un tout petit peu, ce sont les notes - être douée en cours est bien la seule chose qui me plaise chez moi - et que, un jour, vous vous retrouvez avec une copie d'histoire entre les mains jugée à 12 - alors que d'habitude, vous voltigez entre les 18 et les 19 -, vous en prenez un sacré coup. Un coup de massue derrière le crâne, pour être exacte.
Il y a quelque chose qui se casse à l'intérieur, juste là, dans la cage thorassique. Et une petite voix qui se réveille et qui vous embrume l'esprit en vous répétant pendant des heures, inlassablement, que vous vous êtes méprise sur vous-même, que vous vous êtes et qu'on vous a mal jugée, que vous ne valez rien, en réalité. Qu'on vous a monté la tête.
Et vous ne pouvez pas vous plaindre, parce que les gens ne comprennent pas et vous prennent pour une sale première de classe. Ils ne comprennent pas la douleur de ne pas être brillante quand votre seule but dans la vie est de tendre à la perfection.
Ils ne comprennent pas cette déception qui vous fait pleurer de douleur, parce qu'on n'a pas réussi à tenir son projet. Parce qu'on est faillible.

Et vous ne pouvez rien dire, putain.
Rien, parce que bon, "12, c'est bien". Ils ne voient pas, les gens, la piramide de carte, vous savez, "la confiance en soi", celle qu'on a passé des mois à construire et qui vient, par la sentence sévère d'un professeur, de s'effondrer.

Impression d'avoir été jugée par quelqu'un que j'aime sincèrement - l'amour d'une élève qui admire un professeur pour son humanité et son caractère révolutionnaire et rêveur, son affection pour les mots. Et de l'avoir déçu.
Impression de l'avoir berné.

Juste envie de pleurer sur la valse en Si mineur de Chopin.