dimanche, juillet 16, 2006


canicule

Vous ne savez pas ce que c'est que d'avoir chaud. Non, n'insistez pas : vous ne savez pas.
Il me semblait à moi aussi, avant, que j'avais déjà vécu la canicule, la vraie, celle qui tue les vioques, pas une canicule de tapette hein, non non, la canicule, et que j'en connaissais un rayon en matière de chaleur torride, clim et ventilo. Ahaha. Je me mettais le doigt dans l'oeil jusqu'à la clavicule : c'était de la crotte de bique en sachet par rapport à ce que j'ai enduré ces derniers jours.
Avoir chaud. Mais pas juste un peu, pour la forme, manière de se croire en été, les mains un peu humides et les yeux qui plissent sous le soleil. Non : avoir vraiment chaud. C'est à dire que sans bouger, assise sur une chaise dans le salon où tous les volets sont fermés, de grosses gouttes de sueur roulent de ton front jusqu'à ton menton, et ton dos baigne dans l'humidité de ta transpiration, ta robe colle à tes cuisses parce que tu dégoulines de partout, tes genoux glissent si tu essaies de croiser tes jambes parce que oui, mesdames et messieurs, le corps humain transpire même du dessous de genoux quand il n'en peut plus de chaleur. Assise hein. Sans bouger donc. Dans la pièce la plus fraîche de la maison. Hm.
Avoir chaud à ne plus trouver d'air respirable dans une pièce comptant plus de 3 personnes. A en avoir la nausée, des vertiges, à passer ses journées une bouteille d'eau dans la main, et se rafraîchir la nuque avec le pot de moutarde qui sort du frigo. Avoir chaud à en établir un plan d'attaque qui consisterait à faire de son congélo sa résidence secondaire, la température interne frôlant les -2°C, autrement dit une température viable par rapport aux 40°C extérieurs - sans compter le net avantage que présente l'open bar permanent niveau glaces à l'eau et cônes vanille cornetto. Avoir chaud à devoir dormir à poil à même le carrelage, parce que les draps, hé, ça garde la chaleur du corps humain couillon, et comme tu n'as pas déjà assez eu chaud dans la journée, hein, et que dehors le thermomètre, à une heure du matin, s'obstine à afficher 25°C...
Il a toujours fait chaud ici; normal, on est dans le midi. Mais jamais je n'ai eu aussi chaud. Sérieusement. La pierre chaude, le sol chaud, l'air chaud, le vent chaud, moi chaude, le sang qui bout, la peau qui brûle. Et hors de question de sortir : ce serait du suicide d'exposer peau laiteuse et tête fragile aux rayons terribles du soleil. Je blâme tous ces cons de touristes* qui ont pu aller se dorer le cul à la plage entre 12h et 17h durant ces jours de canicule. C'est de la folie furieuse. Ou de l'inconscience, au choix.
Mais soyez soulagés, tout va pour le mieux ici. La canicule est finie, il ne fait plus que 35°C à l'ombre. L'hiver quoi.
Personne n'aurait vu mes mouffles, par hasard ?
*je n'ai rien contre les touristes. non mais au cas où quoi.