dimanche, juillet 09, 2006


Matin

J'ouvre les yeux et rabats mes paupières.
Mes cheveux courent le long de ma nuque, s'enroulent autour de mon cou et serpentent sur mon oreiller - la nuit, ils voyagent au gré de mes rêves. L'air vif et frais qui s'immisce dans ma chambre par la fenêtre entrouverte contraste tant avec la chaleur rassurante qui émane de mes membres engourdis, protégés de la brise matinale et glaciale par une couverture et des draps moëlleux, que de violents frissons me montent le long de l'échine. Repliée sur moi-même, les mains serrées sur la poitrine, les genoux voisinant ma gorge ; 17 ans et nostalgique pourtant de l'enceinte protectrice et bénie qu'ont pu un jour être les entrailles de ma mère. Je me noie dans l'odeur enivrante de mon corps, odeur de l'humain, transpiration et parfum de la vie.
Les yeux fermés, toujours.
L'air est plein de cette incertitude qui berce les matins ; la frontière marquant la fin du rêve et le début de la réalité reste floue. Perdue dans les méandres oniriques de la nuit passée, je mélange avec délectation sensations réelles et impressions trompeuses.
Puis surgit le Doute, souvent, qui soudain me prend entière et me tourmente de longues secondes : lequel de ces mondes m'appartient ? Dans lequel des deux rêves se réveiller ? - La vie, ou le délire nocturne ?

Un rayon de lumière où dansent des milliers de particules de poussière caresse le parquet usé de ma chambre ; les draps bruissent sous mes mouvements doux et indolents ; le vent chante dans les arbres, dehors ; le soleil étend son empire.
Et, appée par la vie qui me rappelle vers où avancer,

je me réveille.