mercredi, avril 19, 2006


Lettre ouverte à J6 (oui bon)

Bonjour très cher,

Dites voir, vénéré j6, on ne vous aperçoit plus guère traîner vos savates sur les méandres agitées du oueb ces derniers temps, et cela est, à mon sens, fort regrétable. Vous êtes un maillon essentiel de la blogosphère, soyez en sûr cher camarade, et, quoique je ne sois pas une personnalité reconnue du monde du blog, je puis vous assurer de l'affection que je vous porte et de l'importance que vous tenez dans mes lectures quotidiennes.
L'absence de vos nouvelles me chagrine profondément.

Auriez-vous perdu les clés de votre blog? si le problème se résumait à ce simple accident, regrettable certes, mais aisément remédiable, j'eusse pu vous apporter mon soutien le plus ardent dans vos recherches scrupuleuses (une clé ça brille putain, ça devrait vite se retrouvrer dans la pelouse, non?).

Si, en revanche, votre absence était liée à un manque de temps certain - chacun sait combien la vie d'un étudiant est harassante, surtout en périodes de grève - je vous prierais de bien vouloir cesser prestement d'abuser de cette excuse relevant davantage d'un excès de mauvaise foi que d'un fait concret. On n'a jamais le temps pour rien; toute la subtilité réside en la capacité de chacun à savoir le prendre.

Si, enfin, il s'agissait d'un refus de votre part de gratifier le monde de vos textes hilarants (si si, mes yeux pleurent à la lecture de chacun vos écrits) de façon à affirmer mieux votre opposition au CPE, à la précarité, au monde qu'on nous impose; si votre cessation d'activité n'avait d'autre but que de mander la démission du gouvernement, l'instauration des verts au pouvoir, la mise à mort des capitalistes et une refonte des mentalités occidentales, soyez certains alors de mon appui sans condition et de toute ma dévotion - mon combat est identique au vôtre*. Le problème, jonas, et vous le savez, réside en ce que cette attitude relève définitivement de l'utopie. Daignez entendre ce message : vous ne pouvez rien, seul, devant une société corrompue. Ni Chirac, ni Bush ne lisent votre blog - ils ignorent l'étendue de leur perte - et, vous me voyez consternée d'avoir à vous en persuader, mais, faire la grève du blog ne sera en rien plus efficace que bloquer lycées et universités pour retourner notre petite planète et sortir le Tiers-Monde de la détresse. Le monde est pourri jusqu'à la moëlle j6, misérable, rongé par la vermine ; il n'y a peut-être encore que les papillons, les fleurs et les dauphins qui aient été épargnés de la monstruosité et du saccage humain; c'est dire.

Alors soyez mignon; décrochez les pancartes décorées de slogans anarchiques - les o barrés m'ont toujours laissée tremblante d'émotion -, rangez vos tam-tams de révolutionnaire, dites fuck à Villepi.n une bonne fois pour toutes - hum, je veux dire, faites lui parvenir vos mécontentements par le biais d'un courrier bien ponctué - et, par pitié, rammenez rapidos vos miches sur le oueb. Revenez me faire hurler de rire sur votre blog auquel je tiens tant et qui me ravit tant le coeur.

Avec l'assurance de mon amitié la plus virtuelle,
et ma tendresse ouebesque,
Lucie.


P.S: en d'autres termes cousin, si tu postes pas tidsite tiavu je te marave ta gueule.
P.S.bis : je déconne, mais bon, quand même, je risque de me fâcher tout rouge parce que là, pompom sur la garonne si tu vois ce que je veux dire.
P.S ter : interdiction de se suicider à la manette de XBox.




*(aux lecteurs) sans ironie aucune. J'ai beau avoir l'air sarcastique et ne pas savoir me positionner pour le CPE, je n'en reste pas moins jeune et utopiste, malgré ce que j'ai pu écrire. Je ne rêve pas d'une société où les patrons réduisent leurs employés en esclavage ni où la moitié de la population crève de faim. Je suis pour les prises de position des foules et les mouvements politiques engagés, mais seulement quand ils sont réfléchis et motivés. Pas quand des milliers de moutons de Panurge suivent à la queleuleu des leaders beaux parleurs pour ne pas avoir à aller en cours.
Je suis pour l'égalité des hommes, la liberté; n'en doutez jamais.

Ce paragraphe un peu hors sujet pour éviter de me faire incendier pour des propos que j'aurais pu tenir et qu'on aurait mal interprété. Ce mail est destiné à J6, rappellons-le, et de fait cette partie de mon argumentaire pour le faire poster était un clin d'oeil à son dernier post.
Qu'il n'y ait pas confusion; vous pouvez retourner à votre lecture.

jeudi, avril 06, 2006


la vie c'est bien

remarquez comme Tout paraît plus poétique
et comme le coeur sourit davantage quand vous avez, tout droit sortis de vos écouteurs, Satie, Queen ou Pink Martini qui saturent vos oreilles de musique, que vous marchez dans la rue et que vous n'entendez plus ce qui se passe autour de vous
comme les rayons de soleil qui passent à travers la vitre opaque du bus ou la neige qui tombe en tornade au dehors début Avril semblent sortis tout droit d'une page de roman/

Dans ces moments là, alors que Chopin me fait vibrer toute entière et me laisse tremblante
que ses valses m'isolent du monde, m'enferment dans une bulle* où seules sa musique et mes arches de buées se frôlent
je ne peux pas m'empêcher d'écrire, à la troisième personne, et dans ma tête, la vie qui se déroule sous mes pieds - décrire le brouillard matinal, l'ombre d'un homme et son chien sous la lumière artificielle d'un réverbère, le vent pluvieux qui cingle mes joues quand je traverse la place tival, le soir - et m'inventer des histoires pour en être l'héroïne.

une vie à modeler
(construire mon quotidien à la façon de Mlle Liberté)

et puis rêver d'absolu* et croire que l'on peut vivre sans porter la misère du monde sur ses épaules
- simplement ouvrir les yeux et profiter de ce qui tombe sur son chemin pour se l'approprier.


*


Je n'écris pas ici, depuis quelques semaines, parce que je n'ai rien de positif à dire. Et quand je me lamente ce que j'écris ne vaut rien, ou presque (j'ai la prétention d'aimer ce que je fais - et je me trouve d'autant plus ridicule que je SAIS que c'est d'un banal à crever)
Chopin me fait pleurer, c'est un fait avéré, et je me remets en question cinq fois par jour.


*


Quand la seule chose qui vous permet d'avoir confiance en vous et de vous aimer un tout petit peu, ce sont les notes - être douée en cours est bien la seule chose qui me plaise chez moi - et que, un jour, vous vous retrouvez avec une copie d'histoire entre les mains jugée à 12 - alors que d'habitude, vous voltigez entre les 18 et les 19 -, vous en prenez un sacré coup. Un coup de massue derrière le crâne, pour être exacte.
Il y a quelque chose qui se casse à l'intérieur, juste là, dans la cage thorassique. Et une petite voix qui se réveille et qui vous embrume l'esprit en vous répétant pendant des heures, inlassablement, que vous vous êtes méprise sur vous-même, que vous vous êtes et qu'on vous a mal jugée, que vous ne valez rien, en réalité. Qu'on vous a monté la tête.
Et vous ne pouvez pas vous plaindre, parce que les gens ne comprennent pas et vous prennent pour une sale première de classe. Ils ne comprennent pas la douleur de ne pas être brillante quand votre seule but dans la vie est de tendre à la perfection.
Ils ne comprennent pas cette déception qui vous fait pleurer de douleur, parce qu'on n'a pas réussi à tenir son projet. Parce qu'on est faillible.

Et vous ne pouvez rien dire, putain.
Rien, parce que bon, "12, c'est bien". Ils ne voient pas, les gens, la piramide de carte, vous savez, "la confiance en soi", celle qu'on a passé des mois à construire et qui vient, par la sentence sévère d'un professeur, de s'effondrer.

Impression d'avoir été jugée par quelqu'un que j'aime sincèrement - l'amour d'une élève qui admire un professeur pour son humanité et son caractère révolutionnaire et rêveur, son affection pour les mots. Et de l'avoir déçu.
Impression de l'avoir berné.

Juste envie de pleurer sur la valse en Si mineur de Chopin.

lundi, avril 03, 2006


CPE, précarité, mort des vaches et tout ça.

"Vous voulez des assurances et des certitudes ? En voici quelques unes :
1. Vous allez mourir, un jour. La Vie est précaire. Le gouvernement n'y peut rien"
longuevie - lundi 03 avril 2006 12:36
sur le forum du site de Libération, dans une lettre ouverte aux Anti-CPE.


Cela va bientôt faire trois semaines que je m'efforce de comprendre cette histoire de CPE et de me positionner; je crois pouvoir affirmer que j'en suis définitivement incapable, malgré toute ma bonne volonté. J'ai écouté Jeanne et à travers elle son tendre poute syndicaliste, j'ai regardé les infos, j'ai écouté la radio, j'ai lu le blog d'Eloas (merveilleux de clarté, de finesse, du talent chez ce monsieur; je suis tombée amoureuse) et essayé de comprendre le texte de loi (je crois même y être presque arrivée), j'ai lu des forums où des pro- et anti- s'opposaient plus ou moins violemment, vraiment, j'essaie, mais je n'arrive pas. Je n'ai pas d'avis.
Je ne suis pas pour, je ne suis pas contre, et pourtant je ne me sens pas à l'aise. La vague impression d'être manipulée de toute part. Comme si on dirigeait ma pensée, vous savez, ce sentiment désagréable d'être pris pour un con. Que ce soit, d'ailleurs, par les médias, la société ou même mes compères lycéens (c'est dur d'assumer jusqu'au bout ses convictions et d'être la seule à aller en cours après avoir escaladé un barrage de bancs).

Bref, il y a malaise.
Et je suis tombée tout à l'heure sur cette phrase mordante; pas pu m'empêcher de sourire.
La vie est précaire.
Et le gouvernement n'y peut rien.

(allez en paix et soyez fonctionnaires)
(non mais je sais pas j'ai dit ça comme ça)

*
Ah oui sinon. Je passe mes TPE demain. Si, bien sûr, mes examinateurs ne font pas grève, si j'ai un bus pour m'ammener au lycée et si j'ai assez de force, de rage et de hargne pour défoncer les bloqueurs à coups d'épaule et de griffures.
Voilà.
Et vive les blocus hein.